Lars Fredrikson
" Toute l'œuvre de Lars tourne autour de "ce" silence dont il s'agit de donner une épreuve invasive et non externe.
Les sons servent à faire vivre ce silence . Si on les écoute avec l'oreille musicale , c'est à dire en cherchant des rapports, on rate l'œuvre. Il ne faut penser qu'au silence inaccessible . La science de cette création de sons est de ne produire que des sons qui touchent juste . On ne sait pas pourquoi un frôlement de son, produit au moment précis où le silence va devenir mutisme, relance l'intensité spirituelle du silence ; parfois il faut bien plus qu'un frôlement .
La règle est d'éviter la contingence. Il n'y a dans cet apparent arbitraire des sons de Lars que la nécessité la plus exacte.
(...)
La finalité de ses sons n'est pas comme dans la musique de se constituer en formes dont l'exécution nous donne l'expérience. Pour les sons plastiques il s'agit d'une épreuve et même d'une épreuve intime non structurée. Dans la musique contemporaine le son en soi devient une finalité plus que le rapport des sons entre eux. Avec les sons plastiques ce n'est pas le son qui est visé mais le silence. Non pas " les" silences relatifs, c'est à dire mis en relation, mais le silence absolu ."
Maurice Benhamou 2013
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Discussion téléphonique 1991 :
Moi : Je viens de rencontrer John Chowning et Jean Claude Risset et je me suis dit y’a un truc en plus chez Lars…
Lars : c'est adorable ! ( rire) ...c’est parce que moi je sors des arts plastiques, tandis qu’eux sortent de la musique…
Moi : lorsque je discutais avec John Chowning, il pensait que j'étais musicienne. Pourquoi Chowning m'a identifié comme une musicienne ?
Lars : mais c’est par ce qu'ils n'ont pas d'autres références que la musique, c'est ça... Tout de suite quand il y a du son alors il y a pas d'autre référence qu'elle. C'est là où on a une démarche complètement différente.[…]
Moi : oui, pourtant Chowning travaille en quadriphonie par exemple, il y a les auditeurs au milieu, le son circule autour et personne ne bouge alors que s'ils bougeaient la tête il se passerait autre chose…
Lars : oui, mais c'est pas seulement une question physique comme ça, dans notre propos il y a une [dimension - question] physiologique, c'est ça qui est différent [….] Ce que nous on essaye de mettre en évidence n'a rien à voir avec la structure architecturale qui est la base de la physique. Même s’il y a des rapprochements […] sur le fond il y a une grande différence […] le travail qu'on a à faire en réalité, c’est d’amener d'autres références […] c'est là ou on est […]
[…]
Moi : Lars la communication est entrecoupée...
Lars : Evidemment je peux parler plus fort ! Viens à la maison on en parle…