Samuel Beckett

Samuel Beckett à l'écoute

 

L'intérêt de Beckett pour le son m'a toujours interpellée. Par exemple pour les pièces radiophoniques, Beckett réfléchit à la technique qu’impose ce média qui ne retransmet que les sons et les silences. Et c'est sans doute cette réflexion sur le son en général, et non sur la seule voix, qui l'amène à imaginer une pièce où les effets sonores vont jouer un rôle capital.

Il écrit un jour ceci : " jamais pensé à la technique du théâtre pour la radio, mais au plus profond de la nuit m'est venue une belle idée horrible pleine de roues qui grincent et de pieds qui traînent, essoufflements et de halètement, qui pourrait – ou pas - aboutir.

Il a beaucoup été dit par Beckett entre autres, qu'il ignorait tout des magnétophones au moment où il imaginait mettre ainsi au centre d'une de ses pièces cet appareil d'une technologie très sophistiqué pour l'époque. Contempler les bobines qui en s'évitant libéraient les mots écrits par lui. La dernière bande.

Beckett se met à travailler "comment c’est". Il entame une nouvelle pièce radiophonique dans laquelle le son va jouer un rôle central. Il ne s'agit plus seulement de voix mais d'effets sonores.

De ce concours de circonstances il va mettre en pièce, "paroles et musiques" et "cascando". C'est la toute première fois que le son est traité comme un personnage à part entière, et non, ainsi qu'il est d'usage dans le théâtre enregistré pour la radio, comme un simple moyen de meubler les silences d'indiquer l'ambiance des scènes.

Play : comédie - trois voies organisées dans le temps et l'espace contient des indications de mise en scène précise sur le tempo, le volume, l'intonation. Beckett n'est pas sans savoir qu'un texte composé de mots ne peut au mieux qu'approcher l'abstraction de la "musique". Stravinsky propose à Beckett que si l'envie lui venait d'écrire un opéra, ce serait pour lui un honneur de le mettre en musique.

"Oh les beaux jours", répétition sur laquelle Beckett exigera que le texte devait être dévidé sur la même cadence. Tellement bien qu'il arrive un après-midi au théâtre avec un métronome qu'il pose sur la scène en disant : le voilà le rythme que je veux, avant d'obliger l'actrice stupéfaite à se pénétrer de son tic tac monotone.